Le bureau d’étude britannique ARUP a publié une étude « Campus of the Future » dressant leur vision du campus de demain. Voici quelques enseignements de cette étude d’une soixantaine de pages qui analyse l’évolution de l’enseignement supérieur et ses implications dans la façon d’imaginer les campus.
Malgré l’essor du digital et les opportunités d’enseignement en ligne et à distance, le campus confirme plus que jamais son rôle fondamental pour créer une communauté, renforçer l’engagement, créer des relations durables, développer les « soft skills », bâtir la confiance et créer des opportunités d’innovation et de croissance économique.
L’étude identifie six grandes tendances du campus du futur :
1/ Des étudiants aux profils plus variés
Avec le développement de l’espérance de vie et de la formation continue, le corps étudiant sera plus varié, notamment en matière d’âge et de parcours, entrainant donc des attentes également plus variées. Certains viendront sur le campus pour la première fois, d’autres en formation continue ou lors d’un changement de parcours professionnel. Cette tendance exige plus de flexibilité dans les programmes, ainsi que des espaces d’enseignement plus adaptables. Les étudiants deviennent plus exigeants. Les institutions d’enseignement supérieur doivent satisfaire cette expérience client étudiante sur leurs campus. Et mieux comprendre quels sont les ressorts d’un environnement capable d’aider les étudiants à socialiser et établir des liens. Ceci mène à une plus grande attention portée à l’engagement des étudiants, au bien-être et au confort de travail, avec l’objectif d’encourager les étudiants à passer plus de temps sur le campus, et de manière plus productive.
2/ Une demande croissante pour de la formation continue
L’accélération de l’innovation et du progrès technologique nécessite de nouvelles compétences à mettre à jour en permanence. Dans un contexte d’incertitude et de changement permanent, la formation continue s’impose comme un levier indispensable de l’employabilité. La formation en ligne représente de formidables opportunités, avec le développement des MOOC par exemple. Mais le faible taux de complétion des MOOC (de 10 à 20% selon les études) rappelle à quel point la présence physique sur le campus est indispensable pour la sociabilisation et la motivation des étudiants. L’innovation pédagogique renforce l’intérêt de la collaboration et du travail de groupe. Plus que jamais les campus doivent proposer des expériences d’apprentissage efficaces, conjuguant les opportunités du e-learning avec le travail de groupe en présentiel.
3/ Le campus comme lieu de vie au cœur de l’expérience étudiante
Les frontières se réduisent entre la vie courante et les moments dédiés à l’éducation. L’autonomie croissante des étudiants comme des enseignants leur permet de choisir où et comment ils souhaitent apprendre ou enseigner. Plus que jamais le campus est un lieu fondamental pour offrir une expérience de vie et en faire une destination attractive au-delà des seules activités d’enseignement. Le campus devient un lieu de vie, avec davantage de services proposés aux étudiants et au personnel : espaces de livraison, garderies, laveries, …
Le bien-être et la santé physique des occupants peuvent être améliorés dans la conception des espaces, avec par exemple l’installation d’escaliers ou d’installations sportives. La lumière et l’environnement sonore constituent des aspects fondamentaux du bien-être et de la performance sur le campus. De même l’apport de la biophilie est essentielle sur le campus. Ainsi d’après des études récentes (The Relative Benefits of Green Versus Lean Office Space: Three Field Experiments, 2014) la présence d’espaces verts améliore le bien être, la performance, la qualité de l’air ainsi que le confort visuel et acoustique.
La multiplication des usages sur le campus nécessite des amplitudes horaires plus importantes, favorisées par les progrès des solutions techniques comme la vidéosurveillance. Cette vie sur le campus nécessite une bonne desserte en transports et une intégration à son environnement direct.
4/ La dimension durable des campus passe par de l’automatisation et une analyse du cycle de vie des produits.
L’innovation pédagogique impacte directement la façon de concevoir les espaces d’apprentissage. Moins de cours magistraux, mais davantage besoin d’espaces collaboratifs et de lieux de rencontre. Les espaces d’apprentissage doivent être flexibles et adaptables pour optimiser les ressources et l’utilisation des différents espaces des campus. Cette flexibilité qui anticipe la fin de vie des bâtiments et le réemploi des matériaux permet d’économiser des ressources. Sur le plan immobilier, des plateaux sans poteaux, avec une grande hauteur sous plafond et acceptant des charges élevées sont autant d’atouts qui permettent une grande flexibilité et une réutilisation des espaces des campus. Le mobilier et les aménagements doivent également être flexibles pour s’ajuster à tous types de besoins. Les enjeux d’acoustique sont majeurs pour répondre aux problématiques de flexibilité. Cela peut passer dans le choix des matériaux ou dans la conception d’espaces sans chaussures.
5/ Une meilleure compréhension des besoins des étudiants améliore la productivité
Le progrès technique, avec notamment le développement de l’internet des objets (IoT) et du BigData ouvre de nouvelles opportunités d’amélioration de l’efficacité des campus tout en améliorant l’expérience utilisateur.
Le développement de capteurs connectés sur le campus et de l’IoT permet de récolter une masse de données en temps réel et d’automatiser un certain nombre de tâches. Un grand nombre de paramètres peuvent être suivis en temps réel sur le campus : qualité de l’air, bruit, mouvement, consommation énergétique, … Ces éléments permettent d’optimiser l’occupation des espaces et la consommation des ressources. Bien sur un accent particulier doit être mis sur la cybersécurité et la protection des données personnelles.
6/ Des synergies internes et externes sont le moteur de l’innovation
Les campus constituent des leviers importants pour l’attractivité des territoires. En attirant des étudiants nationaux comme internationaux, les campus sont une opportunité pour développer l’innovation et la croissance économique. C’est un atout pour les entrepreneurs à la recherche d’idées et de talents. Et c’est aussi un atout pour les étudiants de pouvoir bénéficier d’équipements pour tester leurs idées et projets. Là encore, la tendance est à l’interdisciplinarité et à l’ouverture. Le campus doit être ouvert aux partenaires et être physiquement et visuellement perméable pour renforcer l’accueil et montrer l’activité. Les espaces en RDC et les façades sont des éléments clés pour révéler et valoriser des activités de recherche stimulantes.
Pour aller plus loin et consulter l’étude « Campus of the future » dans son intégralité : https://www.arup.com/perspectives/publications/research/section/campus-of-the-future-2018